Ce passager noir qui m'accompagne chaque jour

26 ans et déjà 18 ans de merde, 10 ans passés derrière un ordi. Des années d'angoisse, de réflexion, de recherche d'appaisement et de solutions. 10 psys, 2 passages en clinique psy. Et 3 rencontres : le 11è psy, la photo argentique, valeurs thérapeutiques, et une fille il y a peu.
Je la vois, parfois à travers mon objectif. Je la vois pleine de vie malgré les pesanteurs qu'elle exprime, quand moi je suis tout mort. Je reconnais chez elle des choses que j'ai connu ou qu'on m'a déjà exprimé. Elle joue avec mon objectif, prend des petites poses. Je la vois si pleine de vie que je l'aimerais à mes cotés.
Mais comme l'eau qu'on tient la main ouverte et qu'on perd en serrant le poing, j'ai peur de vouloir la retenir.

J'entends la fermeture du bar au loin dans la nuit et je crois reconnaitre son rire, je rêve qu'elle y est, j'irais bien voir mais je perdrais mon rêve.
Après tant d'années à en chier, j'ai peur de perdre cette petite chaleur, douce au creux du ventre, ce petit espoir de la dernière belle chose inconnue.

Un massage cardiaque pour une fille qu'on connaît à peine, alors qu'on a appris à le faire seulement 3 semaines avant. Soulever son tee shirt, découvrir qu'elle n'a rien en dessous, alors qu'on a quasiment jamais touché une fille. Gérer une situation extrême dans l'affollement général, savoir quoi faire dans la seconde sans savoir d'où ça vient, apporter des réponses immédiates, jusqu'à l'arrivée des professionels, alors qu'on prend des semaines de réflexions avant d'allumer une clope. Entendre qu'on est un héros, qu'on a bien réagi alors qu'on se considère comme la dernière sous-merde humaine. Ne pas dormir pendant 36h quand on cherche un appaisement à toute cette angoisse. La voir à sa sortie de l'hosto pour qu'elle me saute au cou pleine de vie quand moins de 15h avant elle ne respirait pas. Avoir empêché quelqu'un de sombrer après avoir gobé un paquet de médocs que j'ai moi-même pris à une époque.
Quelques mois après, estimer avoir fait quelque chose de bien.

Expliquer à une amie, bloquée au même point que soi 6 mois auparavant, le chemin parcouru jusqu'à la situation actuelle. Lui dire de prendre du recul, quand on est resté bloqué des années sur les contrariétés quotidiennes. Changer progressivement sa vision personnelle des choses et lui exposer. Elle de répondre que cette vision est juste, quand on pense nager en plein délire. Des années de galères pour arriver à des solutions simples. En faire profiter cette amie pour lui faire gagner ces précieuses années.

Remporter chaque jour des petites victoires avec des petites choses simples quand on a échoué pendant des années sur de grands projets inaccessibles.